Réplique au portrait de Xavier Camus publié dans La Presse

François Doyon
4 min readJan 17, 2020

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Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations. Tenez, Judas, par exemple, il avait des amis irréprochables.
— VERLAINE

J’aimerais réagir au portrait de Xavier Camus publié par Caroline Touzin dans l’édition de La Presse du 15 janvier dernier. Je déplore qu’on y présente Xavier Camus comme étant une référence fiable et objective en matière d’extrême droite, et ce malgré l’évidence de plus en plus manifeste de son parti pris pour une extrême gauche dont il ne dénonce, à ma connaissance, jamais la haine et la violence.

Les méthodes inadéquates, voire douteuses de ce personnage, de même que ses pratiques habituelles consistant à exposer des gens sur la base de captures d’écran présentant des contenus partiels hors de leur contexte et de leur signification originale, sont malheureusement cautionnés par La Presse. Ce quotidien lui accorde une légitimité nettement imméritée, qui ne repose ni sur ses compétences ou diplômes qui sont inexistants en ce qui concerne l’extrême droite. L’objectivité fait manifestement défaut, et ses affirmations tendancieuses et partiales, prennent trop souvent la forme accusations malveillantes contre des associations ou personnes qui sont exposées par lui au mépris public.

Le « doxxing », qui est mentionné dans l’article de Caroline Touzin, n’est pas la seule méthode douteuse employée par Xavier Camus. Il y a aussi ces montages de captures d’écran sorties de leur contexte. Afin de corroborer mon propos, j’aimerais rappeler une controverse entourant Xavier Camus qui avait été rapportée le 14 mai 2019 par le journaliste Antoine Lacroix sur le site web du Journal de Montréal.

« Une bonne manière de tester le taux d’islamophobie ambiante : demander aux gens s’ils sont pour ou contre les chiffres arabes », avait écrit Xavier Camus sur sa page Facebook, affirmant que « le mot “arabe” suffit à déclencher des réflexes xénophobes ». Cette déclaration de Xavier Camus était accompagnée d’un montage de commentaires tirés de Facebook qui ne retenait que les propos « racistes ».

Interrogé par Antoine Lacroix au sujet de ce genre de montage, le professeur de l’UQAM Rachad Antonius, sommité hautement respectée en sociologie et expert en communautés arabes au Québec, « considère qu’il est primordial de dénoncer les commentaires xénophobes ». Il a en cela tout à fait raison.

Mais le professeur Antonius juge aussi que des montages, comme ceux propagés notamment par le blogueur Xavier Camus, sont contre-productifs et causent des tensions inutiles.

« Le montage est malhonnête », précise le professeur. « Ça ne retient que des commentaires hostiles, ce qui envoie le message que tous les Québécois sont racistes, ce qui est faux », déplore-t-il, soulignant qu’il ne s’agit que d’un tout petit échantillon.

Par conséquent, le blogueur Xavier Camus a bel et bien propagé un montage (parmi de nombreux autres) d’un genre qui est qualifié de « malhonnête » par un expert reconnu sur ce genre de question, et qui, faussement, « envoie le message que tous les Québécois sont racistes ».

À la suite de la controverse, le professeur Antonius a affirmé que le nom de Xavier Camus n’aurait pas été mentionné durant son entretien avec le journaliste Antoine Lacroix. Toutefois, cela ne change strictement rien au fait que le montage propagé par Xavier Camus a bel et bien été qualifié par le professeur Antonius de « contre-productif » et « malhonnête ».

Je pourrais parler de son association revendiquée par lui, explicitement, sur sa page Facebook, avec des groupes clandestins d’individus cagoulés et connus pour leurs pratiques violentes : « Montréal antifasciste », « Québec antifasciste », et plus récemment « Anarcho-FAÉCUM » de l’Université de Montréal.

On peut aussi dénoncer l’utilisation de photos de ses victimes, prises par des contre-manifestants violents et cagoulés, de citoyens participant à des manifestations pacifiques et légitimes (ex : pro-laïcité), dans des publications mettant en danger la sécurité physique des citoyens concernés.

Xavier Camus a évidemment le droit de s’exprimer, mais compte tenu de tout ce qui précède, je ne juge pas utile et pertinent pour l’information du public qu’un journal comme La Presse le présente comme une référence digne d’un portrait élogieux et, ce faisant, légitime l’action d’un individu qui, en plus d’attiser avec ses propos incendiaires des tensions sociales et interculturelles, salit des réputations en leur accolant à tort et à travers des étiquettes infamantes et des épithètes controversées.

Pour en savoir plus: Un parfum de duodénum.

François Doyon, auteur de Les philosophes québécois et leur défense des religions, préface de Normand Baillargeon, Paris, Connaissances et Savoirs, 2017.

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